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Rugby1892

 

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Rugby1892, site entièrement amateur, a été créé le 20 février 2002
 
Saison 2002 - 2003
INFO

Rugby d'antan, rugby junior :

même combat ?

Par Pierre, Montpellier

 

 

 

A la fin de la Coupe du Monde, on enterrait le rugby amateur, cependant il existe un paradoxe : de nos jours, on peut retrouver des traces de cet esprit rugby dans la catégorie junior Crabos.



La principale raison de ce constat réside dans le fait que la grande majorité des joueurs n'ont pas trop de prétentions dans le rugby de haut niveau; bien que le rêve de revêtir le maillot bleu et de sentir chanter le coq sur sa poitrine est, et reste toujours intact.

Si l'on interroge des joueurs Crabos (- de 18 ans) sur les motifs de leur engouement pour le rugby; les termes d'amitié, de plaisir, reviennent souvent; et pour un joueur, qui vit bercé par les chants de l'Ovalie depuis plus d'une dizaine d'années, la question ne se pose même plus, il est présent en nous, et comme le dit si bien Daniel Herrero: "On mange rugby, on copule rugby, on vit rugby."

Il est vrai que les quelques sélections régionales bousculent un peu cet aspect du jeu de rugby junior. Mais pour qu'une équipe tourne à merveille, l'amitié est une clé essentielle à la réussite de cette entreprise, ce qui était le cas il y a quelques années de cela. Cette notion de bien être commun tend à disparaitre au profit de la préparation physique, mentale et du jeu en lui même. Certains trouveront de la nostalgie dans mes propos, d'autres me contrediront... Mais les Bleus se voient trop peu pour tisser des liens d'amitié durables.

Un junior, tout comme le rugbyman d'antan, cherche à rester le plus longtemps possible avec ses camarades, le fait d'avoir le lycée pour certains, les premières années d'études supérieures pour d'autres, compte pour beaucoup. Cela sent bon les horaires de l'usine, du travail parallèle au rugby... On n'hésite donc pas à se rencontrer dans le bistrot du coin, se donner des nouvelles, s'inviter... Et contrairement aux professionels, qui se rencontrent tous les jours, les entrainements deviennent un espace de liesse, attendu durant toute la semaine, mais aussi un endroit qui fait oublier les dures réalités de la vie. Ainsi, chaque joueur offre aux autres un peu de son temps dans le but de mener à bien une saison. Ceci anime donc une équipe de juniors, cadets, ou de bas niveau, autant que cela faisait vivre le rugby d'autrefois.

Il faut savoir qu'un rugbyman junior dispose non pas des prejugés, mais des clichés du rugbyman d'antan. C'est à dire qu'il possède une image assez honorante de lui-même et de ses co-équipiers aux yeux des jeunes de son âge: celui du costaud au grand coeur, un peu fou, violent parfois; celle d'un homme. Surtout dans les places fortes du rugby, comme Toulouse, Agen, Béziers, où les rugbymen bénéficient même de privilèges. Cet engouement populaire, surtout celui de la gente féminine, n'a jamais été aussi forte que celui voué aux rugbymen des années 50 à 80...

Les moyens mis en oeuvre peuvent sembler similaires aussi, des interminables trajets en bus jusqu'au terrain mal entretenu, ceci rend la chose encore plus charmante. Ils procurent une certaine autonomie à l'équipe qui vit dans une sorte de bulle, rien n'est acquis, tout est à faire; les voyages ont les parfums d'aventures comme jadis; dans les petits clubs, les maillots lavés à tour de rôle , non plus par les femmes, mais par les mamans des joueurs, donnent une vie à ce groupe, une organisation...

Le jeu de rugby en lui-même n'a pas changé, mis à part l'évolution de ce jeu qui nous est si cher, on joue toujours avec le coeur, comme autrefois, et surtout dans les petits clubs qui ne connaissent pas les transferts, où l'on peut évoquer cette idée d'amour du maillot. Les grandes différences de niveau dûes surtout à la grande liberté des clubs à choisir eux même leur championnat, permettent de voir des scores fleuves; le nombre de clubs inscrits dans le championnat de France rappelle aisément la fameuse 1ère division à 80 clubs, le public est familial et bien du terroir, et les beignes tombent régulièrement, ce qui fait revivre les fameux derbys d'antant: Que cela soit les jeunes du PUC contre ceux du Racing, ceux de l'ASBH contre ceux de l'USAP (et j'en passe !!), l'ambiance demeure toujours électrique. Enfin, le jeune rugbyman peut arroser gaiement sa troisième mi-temps et ses soirées se prolongeant jusqu'au petit matin. Mais il faut le dire, il est bien plus vulnérable vis à vis de l'autorité parentale!

Les rapports avec les entraineurs, souvent des anciens joueurs; voire avec les dirigeants sont humanisés, il n'y a pas l'intervention du facteur argent. Ainsi le rugby d'antan et celui que connait les jeunes hommes de maintenant se ressemblent. Pour eux le rugby n'est qu'une composante de leur vie, même si essentielle pour certains: le rugby ne les fait pas vivre, il les rend juste heureux.


 

Pierre, joueur Crabos à Montpellier